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BILAN DE LANNÉE 2004 ET PERSPECTIVES 2005
Lindépendance est aux peuples ce que la liberté est aux individus : quelque chose dindispensable.
Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté du Québec
Montréal, le 28 décembre 2004 - Lannée qui sachève a vu le projet souverainiste sancrer et senraciner encore davantage dans la population. Cest le constat qua fait aujourdhui le président du Conseil de la souveraineté du Québec, M. Gérald Larose, alors quil dressait en conférence de presse le bilan de lannée 2004 et faisait part des perspectives quil entrevoit pour la prochaine année.
M. Larose en veut pour preuve le récent sondage du Bureau de linformation du Canada (BIC) qui démontrait que le projet souverainiste recueillait lappui de 49 % de la population et lélection en juin de 54 députés du Bloc Québécois.
Lélection de Maka Kotto, dorigine africaine, dans le comté de Saint-Lambert, et celle de Bernard Cleary, dorigine amérindienne, dans le comté de Louis-Saint-Laurent, fait la démonstration que notre option pénètre dorénavant dans tous les milieux. De même, lélection dElsie Lefebvre dans le comté multiculturel de Montréal-Dorion, lors délections partielles, est aussi révélatrice de cette tendance, a indiqué M. Larose.
À gauche aussi, le projet de la souveraineté prend du coffre. LUnion des forces progressistes (UFP) et le SPQ libre affichent ouvertement leur engagement du côté de la souveraineté du Québec. LUFP en fait un incontournable dans ses négociations avec Option citoyenne, dans une perspective de fusion des deux regroupements.
Un projet qui sactualise
En 2004, le projet souverainiste sest actualisé. En témoignent la plate-forme que vient de mettre en circulation le Bloc Québécois, de même que la Saison des idées qui se poursuit au Parti Québécois. La proposition du directeur de LAction nationale, M. Robert Laplante, qui suggère de tenir un référendum sur la constitution du pays, a été largement débattue. Elle représente une contribution majeure au débat sur les modalités daccession à la souveraineté.
De nouvelles réalités :
mondialisation, environnement, sécurité, langue
En 2004, la mondialisation impose aux peuples une nouvelle donne qui appelle des pouvoirs souverains pour sauvegarder leurs intérêts sur les plans économique, politique et culturel.
Un Québec souverain, soutient M. Larose, naurait pas été entraîné dans cette folie furieuse qua provoquée la découverte, en Alberta, dun cas de vache folle. Il ny a aucune autre explication au fait que les éleveurs québécois aient eu à subir les contrecoups dun cas unique découvert à quelque 4 000 kilomètres du Québec que dêtre liés à lensemble canadien. Ce sont des pertes évaluées en termes de milliards de dollars que cette appartenance a coûté aux éleveurs québécois.
Un Québec souverain pourrait, sur la base de ses propres intérêts, diversifier encore plus ses échanges. Des traités avec lUnion européenne ouvriraient de nouvelles frontières pour son commerce international.
Les petits pays du continent latino-américain pourraient devenir eux aussi des partenaires privilégiés dun Québec maître de ses choix.
Sur le plan politique, la mondialisation fait la démonstration que les petits pays auxquels le Québec peut se comparer : Norvège, Suède, Autriche, Danemark, sont prospères et savent tirer profit de leur situation. Ces nations, relativement modestes à certains égards, apprennent à se solidariser, constate le président du Conseil de la souveraineté. La conférence de Cancun en avait fait la démonstration. Ces nations, auxquelles le Québec se joindrait, construiraient de plus en plus des contrepoids aux grands ensembles hégémoniques et belliqueux, en particulier les États-Unis.
Dans ce processus de mondialisation, la culture est peut-être lélément le plus profondément mis en danger. La marchandisation de la culture, que daucuns appellent la «macdonalisation» de la culture, est une exigence que les États-Unis affirment avec férocité. Les nations se doivent de faire front commun face à cette menace, qui nest plus imminente mais bien extrêmement présente. En 2004, elle remet en question la relative fragilité des acquis républicains. Sous George Bush, on assiste à une montée fulgurante du facteur religieux fondamentaliste dans lorganisation de la vie en société. Laide sociale et la solidarité à lendroit des plus démunis sont en passe dêtre évacuées de la sphère publique pour être remises aux Églises. Le Québec connaissait cela au 19e siècle.
Au Canada, fruit confus du multiculturalisme canadien, des rapports sérieux envisagent dériger en institutions des mécanismes de médiation et darbitrage répondant à des codes religieux plutôt quexclusivement laïcs. Un Québec souverain aura tôt fait de nous mettre à labri de ces dérapages pour réaffirmer sous le mode constitutionnel le partage obligé des valeurs fondées sur les droits universellement reconnus et la pérennité de services publics en découlant.
Sur le plan de lenvironnement, le Québec, par son appartenance au Canada, doit porter un boulet qui fait en sorte que ses performances environnementales ne sont nullement reconnues. Il doit traîner le boulet de lAlberta avec son pétrole et de lOntario avec son nucléaire. Un Québec souverain signera son propre accord et ne devra sen remettre quà lui-même pour son respect, constate le président du Conseil de la souveraineté du Québec.
Laprès 11 septembre a fait en sorte que la politique canadienne en matière de sécurité se moule de plus en plus à celle des États-Unis. Cette obsession sécuritaire a conduit à ce quon cesse de penser que le Canada est une garantie étanche des droits individuels. De nombreux cas, tel celui de Maher Arar, sont venus faire la démonstration que le Canada est en passe de devenir un pays qui sinspire des mêmes préjugés que son encombrant voisin.
Le recul du français, enfin, tant au Canada quau Québec, fait la démonstration que dans le cadre canadien, la seule force de la loi linguistique du Québec ne suffit plus. Seul un Québec souverain pourra protéger et promouvoir durablement un territoire de langue française en Amérique du Nord.
Une récente étude publiée par Statistique Canada et Patrimoine Canada au début du mois de décembre faisait état dun recul constant du français dans le reste du Canada, alors que notre langue ny est plus parlée que par 4,4 % de la population. En incluant le Québec, de 1951 à 2001, le pourcentage de francophones a chuté de 29 à 22,9 %, et ce, en dépit dune augmentation de 2,7 millions de francophones. Indicateur plus inquiétant peut-être, de plus en plus de travailleurs allophones ont aujourdhui tendance à utiliser langlais au travail.
La pertinence et lurgence de la souveraineté
Depuis les quelques décennies où la question est mise en débat, et particulièrement en 2004, aucune proposition alternative fédéraliste nest venue entamer la pertinence et lurgence de la souveraineté, soutient M. Larose.
Après le coup de force de 1982 et les efforts de Brian Mulroney pour le réparer, on a assisté aux échecs de Meech et de Charlottetown. Ces échecs ont conduit les fédéralistes à un changement de tactique : les Chrétien, Martin, Dion, Pettigrew et autres Canadiens-français de service se sont alors inscrits dans une réforme administrative visant à faire du gouvernement fédéral le premier et principal gouvernement.
Depuis 1993, cette opération est menée sur trois fronts.
Dabord, par une restructuration fiscale. Le fédéral a soutiré jusquà maintenant de la caisse de lassurance-emploi près de 50 milliards $. En diminuant les bénéfices aux chômeurs, il a refilé aux provinces davantage dassistés sociaux. De plus, il a dramatiquement réduit les transferts aux provinces en mettant en crise, notamment, les systèmes de santé. On connaît la suite.
Deuxièmement, le fédéral a décidé denvahir systématiquement et totalement lensemble des compétences des provinces et du Québec développant la thèse : « Ce nest pas important doù vient largent
»
Troisièmement, il a ouvert toute grande sa stratégie dimposition de lidentité canadienne. Des millions de drapeaux unifoliés se sont abattus sur ce pays, la majorité au Québec. Les sommes allouées aux Fêtes du Canada ont été multipliées par cinq ; 80 % dentre elles consacrées au Québec. Puis, il a envahit les milieux intellectuels. Sont nés les fonds dinnovation et les chaires du Canada. Les milieux artistiques sont soumis au même traitement séducteur. Des lieux historiques sont restaurés à lenseigne du fédéral et, pour banaliser le 400e anniversaire de la fondation de Québec, on a décidé de fêter sur une île située aujourdhui aux États-Unis lanniversaire de limplantation dun établissement temporaire en Acadie.
La tactique des adversaires
Le président du Conseil de la souveraineté du Québec a soutenu que la trajectoire empruntée par le projet souverainiste est si naturelle, si marquée par la noblesse et la légitimité que «ses adversaires doivent recourir à des tactiques qui sont loin de les honorer. Pour poursuivre leur combat, ils se sont transformés tour à tour en tricheurs, en voleurs, en menteurs et en corrupteurs», a-t-il accusé.
Lannée 2004 a révélé crûment la véritable nature de cette opération de propagande fédérale.
Ainsi, cest pas moins de 1,8 milliard $ par année qui est consacré au nation building canadien. Sest ajouté un fonds secret de quelque 700 millions $. De cette somme, environ 285 millions $ ont été réservés aux nébuleuses basses oeuvres de propagande fédérale au Québec. Et au détour, cest quelque 100 millions $ qui ont été détournés au passage dans les poches damis du régime.
M. Larose connaît les conclusions du rapport Gomery. Le vrai scandale, cest le 1 800 milliard $ par année de propagande fédérale. Ce montant ne faisant pas partie de son mandat, le juge Gomery va froncer les sourcils sur le fonds secret de 700 millions $ et pour le reste, affirmera quil ne faut pas voler, même si cest pour une bonne cause !
Rien nindique que le premier ministre Jean Charest ne soit pas satisfait de la situation. Cest connu, il na jamais été très éloigné de ces opérations. Quelquun la-t-il entendu dénoncer fermement le scandale des commandites? Nest-ce pas lui qui vient de nommer comme représentant du Québec à Toronto, M. Jocelyn Beaudoin, celui-là même qui signait les chèques au moment des opérations fédérales dirigées contre le Québec au référendum de 1995 ? M. Charest fait, au Québec, le travail pour le Canada.
Plus affaibli que jamais
Si, au moins, il se révélait payant dêtre ainsi à la remorque du fédéral. Or, rarement le Québec sest-il retrouvé aussi affaibli comme cest le cas maintenant, en 2004, constate le président du Conseil de la souveraineté.
Qualifiant de « show de boucane pour ramasser quelques pinottes » la conférence sur la santé qui sest tenue à la fin de lété, M. Larose estime que si le Québec a signé un accord distinct, il a endossé les mêmes objectifs et pris les mêmes engagements que les autres provinces. Alors que le premier ministre Martin se trouvait en situation de faiblesse, ayant échoué au Québec quand 54 députés du Bloc Québécois ont été élus, il est apparu comme un haut fait darmes que M. Charest ne sécrase pas devant le gouvernement fédéral. Plutôt que de parler de fédéralisme asymétrique, il serait plus juste, en loccurrence, de parler dinvasion asymétrique des compétences.
De la conférence sur la péréquation qui a suivi, Gérald Larose retient le fait que le Québec réclamait 2,8 milliards $, quil a reçu 276 millions $ et quil sest vu remettre une facture de 2,4 milliards $ pour cause de mauvais calculs antérieurs. « Je crois que le ministre des Finances, Yves Séguin, reflétait la réalité quand il a parlé du fédéral comme de Dracula, même si M. Charest en a été choqué », a commenté M. Larose.
Lheure des choix devra sonner
Lheure des choix devra sonner pour le peuple québécois. « Ou bien on accepte de se mouler dans la camisole de force canadienne, avec les conséquences que lon connaît, ou bien on réunit nos ressources, nos pouvoirs, nos savoirs, nos énergies, nos forces, nos rêves et nos projets pour enfin naître au monde et devenir un acteur au même titre que les autres dans le concert des nations. » Cest ce quaura à décider le peuple québécois et la question de son avenir devra lui être clairement posée, estime le président du Conseil de la souveraineté.
Si on accepte la solution provinciale, dont le gouvernement Charest représente la meilleure illustration, on continuera à ne pouvoir compter que sur la moitié de nos ressources et sur le tiers des pouvoirs. LÉtat québécois, pour devenir de plus en plus un méga hôpital, continuera dêtre acculé à couper les vivres en éducation, à endetter les étudiants, à démolir les infrastructures du développement local, à revenir aux ghettos linguistiques et de classe par suite des défusions municipales, à pervertir le mandat de la Caisse de dépôt et placement du Québec, à amputer les budgets consacrés à lorganisation de la Fête nationale et à sous-traiter avec les PPP tout le reste au privé. Notre avenir sera ainsi entre les mains des autres.
Par contre, si le Québec décide de sassumer et de voler de ses propres ailes, il sera, dès le lendemain de son accession à lindépendance, dans une situation qui naura rien dinquiétant, a rappelé M. Larose.
LInstitut de la statistique du Québec nous apprend que sur 235 pays et territoires, 142 sont moins populeux que le Québec, 198 ont une taille économique moins importante, 216 ont un territoire moins étendu et les habitants de 217 pays jouissent dun pouvoir dachat moins élevé que le Québec! Que nous manque-t-il ? sest interrogé le président du Conseil.
Souveraineté et liberté
Pour Gérald Larose, «lindépendance est aux peuples ce que la liberté est aux individus, une condition nécessaire à leur épanouissement et à leur rayonnement».
Pendant que la gouvernance provincialiste atteindra ses limites, lannée 2005 verra le camp souverainiste préciser ses orientations stratégiques pour que son projet large, progressiste et solidaire senracine encore davantage. Pour sa part, le Conseil de la souveraineté poursuivra ses efforts pour que le camp de la société civile se mobilise encore plus afin que la souveraineté du Québec devienne une priorité. Gérald Larose en est profondément convaincu: « Cest de ce côté que se trouve lavenir du peuple québécois ».
Le Conseil de la souveraineté du Québec
Le Conseil de la souveraineté du Québec, qui vient dentrer dans sa deuxième année dexistence, dresse aujourdhui le bilan dune première année complète :
Ø Le Conseil de la souveraineté du Québec a tenu trois assemblées générales. Son conseil dadministration sest réuni à 19 reprises.
Ø Le Conseil a organisé huit soirées-débats et deux forums portant sur divers aspects touchant le projet souverainiste.
Ø Le Conseil a effectué 15 interventions en régions. Trois dentre elles ont déjà mis en place une structure régionale et six autres lauront réalisé au cours des prochains mois.
Ø Sur le plan sectoriel, le Conseil a lancé trois regroupements : jeunes, artistes et grands-parents qui veulent léguer un pays à leurs enfants.
Ø Le Conseil de la souveraineté du Québec est devenu un carrefour où se retrouvent, au sein de son conseil dadministration par exemple, des représentantes et représentants du Parti Québécois, du Bloc Québécois, de lUnion des forces progressistes et de lOption citoyenne.
Ø Plusieurs milliers de souverainistes sont réunis grâce à une Toile qui rejoint par Internet toutes les régions du Québec.
Contact en France : " FAIRE DU QUEBEC UN PAYS"
10.18 Quartier du Grand Parc
14200 Herouville St Clair FRANCE
tel : 06 17 55 66 85 faireduquebecunpays@voila.fr